Titulaire d’une maîtrise, Valérie Forgues vient de sortir son premier roman, Adèle encore une fois.

En toute intimité

Avant de s’investir dans la conception d’un roman, Valérie Forgues écrivait de la poésie et des nouvelles. C’est à l’été 2007 qu’elle a pris la décision d’entretenir un projet de création à long terme, un défi qui allait tester son «endurance». À tous les matins, elle écrivait (à la main) l’histoire qui allait voir le jour quelques années plus tard. On peut penser qu’étant donné son habitude à produire de courts textes, sa capacité à écrire en continuité allait être mise à l’épreuve, mais il n’en est rien. «J’écrivais, peu importe si c’était bon ou pas bon. Je n’étais jamais confrontée à la page blanche», explique la jeune femme de lettres. «Je crois très fort que lorsqu’on écrit, c’est important de se laisser emporter. C’est comme ça que le roman prend de l’ampleur et va au bout de lui-même.»

La version finale est toutefois très différente de son premier jet manuscrit, qu’elle compare à un bloc de bois destiné à la sculpture. Ce «morceau de bois», elle l’a présenté à Alain Beaulieu, directeur du programme de certificat en création littéraire, qui allait devenir son directeur de maîtrise. «Dans ma première version, il y avait beaucoup de choses inutiles. Comme j’écrivais tous les jours, je n’avais pas vraiment de plan et je crois que c’est la première recommandation que m’a faite Alain: celle d’organiser mes idées», se souvient Valérie Forgues, qui ne s’attendait pas nécessairement à ce que son ébauche de roman devienne l’objet de sa maîtrise.

Adèle encore une fois relate un épisode tourmenté dans la vie de Charlotte. Jeune adulte, elle est poursuivie par le souvenir de sa jeune sœur, Marguerite, décédée plusieurs années auparavant. Incapable de venir au bout de son deuil, elle sombre graduellement dans un état de tristesse mélancolique. C’est alors qu’elle rencontre Adèle, une étudiante passionnée, sensuelle et confiante en apparence. Celle-ci est toutefois aussi tourmentée et déstabilisée que Charlotte et les deux jeunes femmes développent une amitié intense, tout comme leur mal de vivre respectif.

Le récit est très axé sur l’intériorité des personnages et sur les sensations. Valérie Forgues priorise cette approche à l’écriture riche en dialogues et en péripéties. Sans pour autant livrer des faits vécus, l’auteure s’inspire de sentiments familiers et personnels qui intensifient la perception des émotions chez les personnages. «Ce n’est pas un livre à punch, ni un suspense. Concrètement, il ne se passe pas grand chose, mais en même temps, l’histoire est riche grâce aux futilités, aux petites choses», indique Valérie, qui apparente son style à celui de Jacques Poulin, un écrivain qu’elle admire.
 

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