Laurence-Anne, photo par Camille Dubuc

Juste pour voir… Boom. En personne.

Les festivals au Québec, c’est quoi ? Il est facile de considérer seulement les grands centres. FEQ, Francos, Osheaga, Festival de Jazz, c’est tout ! Mais les régions n’ont pas à rougir quant aux alternatives musicales : la tradition festivalière est bien vivante, même dans les coins les plus éloignés de la province. L’équipe d’Impact Campus, pour ce dernier numéro de la session, a décidé de vous faire découvrir certains des festivals les plus intéressants de l’été.

Mais la tâche est lourde, le Québec compte plus de cinq cents festivals et événements annuels. Même en parlant seulement de musique et de région, la liste est impressionnante. Excluons donc les festivals consacrés uniquement à un genre particulier, au grand dam du Rockfest et du Festival Western de St-Tite, qui, bien qu’intéressants dans leur niche précise, sont souvent déjà bien connus des amateurs du genre.

Dans une perspective de découverte, mettons aussi l’accent sur les festivals qui laissent une grande place à la musique indépendante. On se sauve ainsi de l’homogénéité drabe des festivals grand marché, qui ont souvent des programmations similaires, sans surprises et sans risques. La règle est simple : si Boom Desjardins y a déjà joué ou pourrait y jouer dans un avenir envisageable, ce n’est pas la peine d’en parler.

Il nous reste ainsi une petite poignée de festivals, incluant plusieurs nouvelles initiatives, qui tentent de transformer, pour quelques jours, leurs régions en lieu de magie, de rencontres, d’alcool, de drogues et de découvertes musicales. Afin qu’un jour, quand nous serons mononcles et matantes, nous puissions dire « ah oui ! j’ai vu Paul Piché au Festif ! sur le mush à six heures du matin » à nos jeunes neveux pleins de curiosité. Un rêve que nul doute tous les lecteurs d’Impact Campus partagent.

Festivoix – Trois-Rivières – 27 juin au 7 juillet

Rares sont les festivals « grand public » ayant un volet indépendant aussi étoffé que le Festivoix. L’organisation présente autant Kaïn et Sylvain Cossette qu’Anatole, Klaus et Les Martyrs de Marde. Parlons de variété ! Pour un festival de neuf jours, le prix est particulièrement abordable et la programmation particulièrement complète !

La Noce – Saguenay – 4 au 6 juillet

La Noce célèbre déjà ses noces de cuir, et fait ça en grand avec, notamment, Connan Mockasin, Les Louanges, US Girls, Dead Obies et Laurence-Anne. Avec son visage relativement nouveau dans le grand monde des festivals, La Noce se démarque par sa sensibilité à la fois aux artistes émergents québécois et américains, et par sa direction fondamentalement indie rock. Le festival offre aussi, évidemment, de prononcer vos voeux de mariage directement sur le site ! À voir !

Diapason – Laval – 4 au 7 juillet

Est-ce que Laval est vraiment une région ? À suivre ! Avec dans l’équipe de programmation le puissant auteur-compositeur-interprète Carl-Éric Hudon, le festival a présenté l’an dernier Fouki, Klô Pelgag, Zen Bamboo, Chad Vangaalen, Bleu Nuit et VICTIME. La journée du samedi de l’édition 2018 était remplie de pop-ups et de happenings qui tombaient, malheureusement, assez à plat vu la petite quantité de festivaliers. Apparemment que le spectacle des Trois Accords de la veille était presque à guichets fermés, ce qui prouve que oui, Laval est une région.

Le Festif ! – Baie-St-Paul – 18 au 21 juillet

Après plus de dix éditions, Le Festif ! est devenu une institution, un incontournable estival. Malgré une programmation un peu décevante cette année, incluant entre autres Gogol Bordello, Lydia Képinski, Dead Obies, FouKi et Les Louanges, l’ambiance survoltée qui prend d’assaut la petite ville est à vivre au moins une fois ! Le festival propose aussi plusieurs spectacles-surprises pour titiller les curieux.

FME – Rouyn-Noranda – 29 août au 1er septembre

Le Festival de musique émergente, ou FME, c’est pour plusieurs le dernier party de l’été, juste avant le refroidissement culturel de l’automne. Karkwatson, Random Recipe, Hubert Lenoir, Galaxie, Kandle et FRIGS étaient de l’édition 2018 de l’événement, qui n’a pas encore annoncé sa programmation pour cette année, mais qui sera sans doute aussi des plus variées.

Malgré cette belle sélection, les festivals de région au Québec ont un problème ! Plusieurs dépendent de festivaliers qui se déplacent des grandes villes, particulièrement de Montréal. Les rassemblements deviennent une sorte de brouhaha médiatique où on voit presque toujours les mêmes visages s’entre-féliciter pour leur beau travail – et ils le méritent, ils en font, du beau travail -, plutôt qu’une réelle culture locale.

Mais ce n’est pas partout comme ça. En Ontario, par exemple, on sent beaucoup plus la localité des festivals. Que ce soit Kazoo ! à Guelph, Up Here à Sudbury ou Flourish à Fredericton, il est fascinant de voir une réelle culture locale où sortent des buissons des amateurs de musique et des groupes locaux, même dans des petites villes. Ces festivals fonctionnent sans gros headliners, d’une manière do-it-yourself et ont des résultats impressionnants. Cepdant, il faut s’avouer que le Canada anglais a fondamentalement une culture DIY plus intéressante, plus profonde et plus vivante.

Mais la problématique est plus profonde. C’est certes une observation citadine, mais on a au Québec une absence de réelle culture régionale. Personne ne peut identifier le son de Victoriaville, de Sherbrooke ou de Salaberry-de-Valleyfield. Les habitants de ces villes qui avaient quelque chose à apporter au dialogue culturel ont quitté vers la métropole depuis des années. C’est un volet de l’épineux problème des régions en général, qui peinent à faire rester leurs habitants. Une solution possible serait un investissement dans les initiatives culturelles réelles, comme les petites salles et les bars-spectacles, ce qui peut contribuer à créer un écosystème culturel indépendant de la présence monolithique de Montréal. Une initiative comme le Frida Fest, qui aura lieu le 4 mai prochain à Trois-Rivières, par des Trifluviens, pour des Trifluviens, dans l’espace circonscrit du charmant café Frida, sont à célébrer et à encourager ! En plus, vous pourrez y découvrir Le Kraken, Nennen, Non-Lieu, Palissade et plusieurs autres groupes indépendants qui sont habituellement en dehors du circuit des festivals !

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