La semaine dernière, nous parlions de demander la démission de Jean Charest et de le menacer pour qu’il n’augmente pas les frais de scolarité.

Qu’est-ce qu’un mouvement social?

La semaine dernière, nous parlions de demander la démission de Jean Charest et de le menacer pour qu’il n’augmente pas les frais de scolarité. Dans la même veine, on aurait pu parler de lui dire «Wô!» sur les gaz de schiste. Si je me souviens bien, je disais que les manifestations ne feront pas reculer le gouvernement, tout comme les pétitions. Je disais aussi qu’il fallait plutôt bâtir une légitimité politique à ces idées avant de souhaiter sérieusement qu’elles deviennent réalité.

Or, cette semaine, un commentaire m’a fait revoir cette position. À Tom Flanagan, ancien conseiller de Stephen Harper, qui disait qu’il ne serait pas triste de voir Julian Assange (de Wikileaks) assassiné, quelqu’un appliquait la théorie de la fenêtre d’Overton, un concept de science politique voulant qu’une proposition soit cotée sur une échelle de sept niveaux : «impensable», «radicale», «acceptable», «sensée», «populaire» et «en vigueur». D’autre théoriciens ont ajouté à ce concept l’idée de promouvoir une proposition extrême afin de rendre plus convenable une autre proposition qui était jusqu’alors hors du débat. Ce que Tom Flanagan évoquait était donc impensable. De quoi donner de la légitimité à l’idée de condamner Julian Assange pour terrorisme (ce qui est, à première vue, en désaccord avec le premier amendement de la constitution américaine)?

Pourquoi parler de tout ça? Parce que l’idée selon laquelle il est inacceptable de laisser planer une telle odeur de corruption (comme Jean Charest) le fait ne deviendra pas «populaire» du jour au lendemain. Parce que l’importance de la réflexion sur les frais se scolarité et l’aide financière aux étudiants ne se fera pas sentir sans appels, sans déclarations, sans manifestations. Parce que la gestion des ressources naturelles ne sera pas meilleure sans qu’on ait à en parler, sans que les conséquences ne soient directes.

Autrement dit, aucun parti ne proposera une plateforme politique sensée si les électeurs n’envoient pas le message que c’est ce qu’ils veulent pour donner une majorité électorale. Les manifestations ne servent pas à faire changer les choses, mais à montrer que la fenêtre d’Overton bouge et à inviter les politiciens à y sauter.

C’est le temps de faire bouger la fenêtre, on dirait. Vous avez encore un ou deux ans.

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Je reviens à la question «Qu’est-ce qu’un mouvement social?» : selon notre bon gouvernement, ce que vous lisez présentement n’est pas un média digne de ce nom.

L’an dernier, votre humble serviteur avait tenté de faire les démarches afin d’être accrédité comme journaliste à la présentation du budget provincial. Après moult négociations avec le responsable de l’événement se déroulant à huis clos, la bombe a été larguée : Impact Campus n’est pas un média généraliste grand public. Rassurez-vous, j’ai pu me faire une place au sein des «groupes socio-économiques», ce qui revient à dire que je représentais un lobby au même titre que l’industrie forestière (dont les représentants étaient assis deux rangées devant moi) et les administrateurs d’arénas (dont les revendications ne me sont plus étrangères, ils étaient littéralement à ma gauche).

Cette année, c’est à la Rencontre des partenaires de l’éducation que nous n’avons pu être conviés en personne, les places étant réservées aux médias nationaux. Ne serait-il pas la moindre des choses, lors d’un événement centré sur l’avenir de l’éducation québécoise, de garder de la place pour la quinzaine de journaux universitaires québécois? Les représentants en sont propres et polis, d’après ce que j’en sais.

Si vous avez des billets pour le prochain événement médiatique en ville, je suis preneur. Vous savez déjà que redaction@impact.ulaval.ca est mon adresse courriel.

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