La liberté de l’impertinence

Elle n’a que 21 ans, est encore aux études, vit toujours chez ses parents et elle a dèjà tout d’une grande artiste. Frédérique Laliberté, actuellement étudiante en deuxième année d’arts plastiques, surprend par son mélange d’audace et de maturité.

C’est la première fois que, sur une affiche, son nom n’est pas accolé à d’autres : l’exposition de cette semaine, c’est la sienne. Elle pourrait être paniquée à cette idée, mais elle est simplement impatiente et joyeuse. «Il faut se lancer, et j’ai hâte de voir ce que les gens vont penser», confie-t-elle.

Depuis le secondaire, Frédérique a été poussée par des professeurs d’arts plastiques qui ont cru en ses capacités et l’ont incitée à partager son talent. Courageuse, elle accepte de livrer son travail à l’appréciation de tous et débute sa carrière publique en participant à des expositions collectives. La jeune artiste explique : «Il faut bien commencer quelque part, tu ne peux pas attendre quelque chose de parfait, parce que ça n’arrivera jamais».

Frédérique Laliberté est drôle, vive et intéressante, à l’image de son exposition qu’elle définit comme «un groupe de choses qui n’ont aucun lien ensemble, qui demande jusqu’à quel point on peut être impertinent et trouver l’élément qui va le plus discorder avec l’ensemble». Elle veut que les gens soient surpris en découvrant ses œuvres, elle souhaite qu’en sortant de sa présentation, ils ne disent pas «je suis allé voir des tableaux sur un mur», mais qu’ils soient définitivement stupéfaits. Être étonné par ses œuvres est le plus beau compliment que l’on puisse lui faire.

La banalité comme source d’inspiration
Ce qui l’inspire ? «La vie de tous les jours, avance-t-elle. Je peux lier des choses qui n’ont aucun lien parce que je m’inspire de n’importe quoi. Après ça, ce sont les gens qui font le lien avec ce qu’ils connaissent». Elle qui «observe beaucoup la vie», place la banalité au centre de sa démarche artistique afin de la détourner, de l’interpréter et d’en faire «quelque chose d’énorme».

S’inspirer de la vie quotidienne n’empêche cependant pas l’étudiante lavalloise de la critiquer, pour son cruel manque d’art, et de déplorer le fait que ses contemporains ne fassent pas l’effort de découvrir leurs goûts artistiques  à cause «d’un manque d’accessibilité de l’art». Ce manque, Frédérique Laliberté veut contribuer à le pallier en partageant sa passion dans des lieux «où les gens n’ont pas le choix de voir des œuvres. Cela permet de sauvegarder l’effet de surprise».

La surprise, l’étonnement, l’audace sont des attitudes que l’artiste ne cesse de vanter. Selon elle, pour approcher le succès, il faut savoir prendre des risques et développer un «caractère hors du commun». «Pour qu’un artiste espère rester dans les mémoires, il faut dire et faire des choses qui se démarquent», avance la jeune femme. Frédérique Laliberté l’ignore peut être, mais pouvoir expliquer les raisons de la réussite, c’est déjà s’en approcher.

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