Le Conga est mort

Depuis 1968, le CONGA, qui donnait notamment la chance à ses participants de remporter des heures d’enregistrement en studio, avait permis à de nombreux groupes de la région de Québec tels que Polémil Bazar ou, plus récemment, L’Orosité, d’émerger avec un premier album.

Manque d’implication

C’est un manque d’implication étudiante au sein de l’AESGUL qui a donné le coup de grâce. Audrey Cloutier, organisatrice du concours, explique : «Dès l’année dernière, nous savions qu’il n’y aurait probablement pas de relève dans l’organisation du CONGA. Ce fut une édition de la dernière chance. Par la suite, toutes les tentatives pour faire renaître le concours, quitte à réorienter sa vision première, ont échoué. C’était un concours rentable et reconnu, qui n’avait pas souffert de la compétition malgré l’arrivée de nombreux autres concours musicaux dans la région de Québec. Le CONGA était unique en son genre, mais il y a vraiment peu de chances qu’il renaisse à présent.»

Le concours était pourtant bien soutenu. L’année dernière, il avait été présenté dans le pavillon des sciences et génie, après avoir eu lieu dans le pavillon Desjardins. Les groupes participants et l’organisation avait salué ce changement, la qualité de son de l’amphithéâtre étudiant étant meilleure. «Le CONGA était plus que viable. Mais, nous avons en effet noté une baisse de l’implication étudiante au sein de notre association, réitère Pascal Gosselin, membre de l’AESGUL. Il a été plus dur de recruter des étudiants cette année pour les différentes activités, mais nous nous en sortons plutôt bien. Nous sommes confiants qu’au cours des années futures, les étudiants s’impliqueront. Quant au CONGA, nous sommes prêts à vanter le projet auprès de nos membres, nous avons gardé toutes les archives, mais tout dépendra de ce qui intéressera les étudiants.» Quant à la possibilité de remettre l’organisation entre les mains de personnes extérieures à l’association, Pascal Gosselin explique que «le CONGA était un concours qui faisait la promotion de la relève musicale étudiante. Hors de ce contexte, il perdrait ce qui le définissait.»

Lauréats peu bavards
La majorité des groupes musicaux ayant réussi à émerger grâce à leur participation au CONGA, tels que L’Orosité, n’ont pas désiré se prononcer sur la disparition du concours. Abandonné par les étudiants, peu défendu par ceux qui y avaient participé, le CONGA est symptomatique du contexte musical actuel pour Hugo Fleury, de Polémil Bazar : «Les concours sont nécessaires puisque les marchés du disque et du spectacle s’effondrent et que cette tendance est irréversible. Ils sont devenus, à toutes fins pratiques, la seule manière pour un artiste d’obtenir des moyens techniques et financiers pour amorcer ou poursuivre une carrière. Le CONGA était un concours hors normes, libre, éclectique et très important pour la relève. Sa disparition est un signe du temps; ce sont désormais les grands empires médiatiques qui font les règles et qui décident de ce qui passe ou pas dans le petit bout de l’entonnoir artistique.»

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