Aperçu de la pièce «Une musique inquiétante» présentée le 9 février dernier à la Salle Albert-Rousseau.

Adoucir les mœurs par la musique

Une musique inquiétante explore les thèmes profonds de l’art et de la modernité suite à l’holocauste. Écrite par Jon Marans et mise en scène la pièce était présentée par le Théâtre du Rideau Vert le 9 février dernier à la Salle Albert-Rousseau.

L’histoire se déroule à Vienne, en 1986, parallèlement à l’élection controversée de Kurt Waldheim à la présidence de l’Autriche. Stephen Hoffman (Émile Proulx-Cloutier), jeune pianiste prometteur mais récemment atteint d’une crise artistique, s’y rend pour étudier avec le grand professeur Schiller, dans l’espoir de retrouver sa passion pour la musique. Sitôt arrivé dans la capitale, l’Américain se rebute au curieux professeur Mashkan (Jean Marchand) qui doit préalablement lui enseigner le chant durant trois mois pour l’aider à retrouver sa sensibilité musicale. Mashkan est un éducateur excentrique aux méthodes d’enseignement peu orthodoxes, soit tout le contraire de Hoffmann, conventionnel et cartésien.

Partagés entre raison et passion, romantisme et modernisme, les deux personnages arrivent difficilement à trouver un terrain d’entente. Toutefois, au fil de leurs rencontres et de leur apprentissage du Dichterliebe de Robert Schumann, inspiré des poèmes de l’écrivain allemand Heinrich Heine, les deux s’apprivoisent et s’ouvrent aux visions de l’un et de l’autre. La relation ambivalente entre l’enseignant et l’élève se renforce alors que Hoffman, d’origine juive, découvre le passé trouble de son professeur.

Commence alors une réflexion sur le pouvoir réconciliateur de l’art face aux évènements tragiques qui ont marqué la communauté juive durant la Deuxième Guerre mondiale.

Toute l’action de la pièce pivote autour d’un piano et d’un sofa, dans un local de répétition au décor romantique et simple. L’humour, la dérision et la poésie font partie intégrante des dialogues et contribuent à alléger le propos dramatique de la pièce. Ils installent de plus une belle complicité entre les deux comédiens qui surprennent d’ailleurs par leur excellente maîtrise du piano et des langues française et allemande.

En bref, Une musique inquiétante trouve un juste équilibre entre rationalité et sentimentalité et offre un point de vue original sur la manière d’aborder la délicate question juive.

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