French immersion – ce n’est surtout pas la faute à Trudeau

Au cinéma – et même assis confortablement dans son salon –, il n’y a rien de pire qu’une comédie qui ne fait pas rire. D’autant plus lorsqu’elle n’a rien d’autre à nous offrir qu’une myriade de gags souvent discutables. Esthétique particulièrement absente – film classique, donc montage dynamique et franc, et intrigue réduite au nécessaire –, concept formel inexistant… On pourrait riposter en affirmant que l’on n’écoute pas ce genre de film en espérant y trouver un fond solide. Au contraire, on s’attend à rire. Mais dans un cas comme dans l’autre, French immersion déçoit.

Bien que l’idée ne soit pas mauvaise – la confrontation culturelle –, le rendu, lui, manque de finitions et surtout de subtilités. Si la culture canadienne est marquée par le clivage culturel entre le français et l’anglais, ici, la question linguistique est avant tout un prétexte à blagues : une gang d’étrangers anglophones arrive à St-Isidore-du-Cœur-de-Jésus pour y apprendre en deux semaines le français. À cela, ajoutons quelques amourettes, la curiosité de l’exotisme, un conflit religieux, une communication qui passe mal, et nous avons quelques lignes d’approche du film de Kevin Tierney, producteur de Bon cop, bad cop.

Si le film d’Érik Canuel dépassait les simples blagues de premier niveau, l’opposition entre le Québec et le reste du Canada dans French immersion ne va pas très loin et l’on se contente de simplement ridiculiser – sinon de grossir – la question de la langue : on haït les anglophones et les anglophones nous haïssent. À partir de là, tout est permis. On abuse du franglais, les personnages les plus bilingues sacrent dans les deux langues, et les villageois sont pour la plupart des colons-pecnots du XXIe siècle : ça sent le grand art, mais le but, c’est de faire rire.

Néanmoins, le tout est réchappé par une distribution généralement efficace. Karine Vanasse, la famille Leboeuf (Papa, Maman et la fille), Pascale Bussières et Rita Lafontaine, entre autres, sauvent le navire du naufrage en nous offrant, malgré plusieurs lacunes dans le scénario, des performances crédibles et bien dosées. Par contre, on préfère le Robert Charlebois chanteur au Robert Charlebois acteur. Au final, la structure comique de French immersion manque de profondeur et le film est incapable de se sortir du modèle grossier de la comédie classique.

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