Lors des salutations de fin, le danseur Keir Knight nous fait signe discrètement que Louise Lecavalier est complètement zinzin… La Folle Glorieuse touche, impressionne et éblouit.

Le jeu des grands sur celui des petits

 

En août 1968, dans l’ambiance saure et boisée d’un véritable après-midi d’été, la petite Louise Lecavalier, presque 10 ans, danse sur le nouveau hit de Janis Joplin, Piece of my heart. Peu importe ce qui s’est passé durant l’été 68 : sur scène, ça se passe, nous sommes enveloppés dans ce rêve d’enfance. Sur un mode semblable au film The Tree of Life de Malick, Children du chorégraphe Nigel Charnock assemble quelques croquées disparates de l’univers enfantin.

Le jeu est au centre de tout, et en périphérie se trouve la découverte du corps, de l’amitié, de la solitude, de l’épuisement. Le jeu de la plaine où deux grands samouraïs s’affrontent, le jeu des adultes ou des enfants avec deux oreillers comme seuls témoins, le jeu des longues nuits éclairées à la lampe de poche sur les paroles de Desjardins, « Où as-tu mis ton cœur ?/ Dans un étui à l’abri du soleil/ Ou de l’ennui ? », le jeu de la lecture de l’avenir tracé dans les lignes de la main, le jeu solitaire d’architecture d’un monde d’un château d’une maison, détruit par le compagnon jaloux. Douche froide interposée, le frisson sensuel les parcourt, la Callas les caresse et le rideau tombe. C’est la fin et c’est le début : peut-être sont-ils adultes, adolescents ? N’était-ce tout le long qu’une ressouvenance du corps enfantin tel que pourraient le suggérer les interludes stroboscopiques ? Rien n’est si sûr.

Dans chaque scène, le mouvement de Lecavalier et de Patrick Lamothe, son ami de jeu, a conservé une certaine innocence, une simplicité d’apparence, qui en fait un jeu supérieur de la danse et corollairement, du corps.

Lock, plus cérébral qu’émotif ou lyrique, est toujours aussi pertinent qu’il y a quatorze ou dix-huit ans. Il n’y a rien à ajouter. Louez le film Amelia.

En rappel, une version supérieure du jeu de main patty cake, juste pour le plaisir. 

Crédit photo : courtoisie André Cornellier

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