Les cordes sensibles – Entrevue avec Marie-Pierre Arthur

C’est instantané, voire dangereux : dès la première écoute de l’album Aux alentours, réalisé par François Lafontaine et sorti le 7 février dernier, on a envie de sauter sur le téléphone pour organiser notre prochain road trip.

Miléna Babin

Un huitième de seconde. Voilà le temps qu’il faut pour se sentir à l’aise avec Marie-Pierre Arthur. Une simple poignée de main, puis déjà, on veut entendre son histoire.

Son besoin de nous la raconter s’est pourtant manifesté tard : « La première fois où j’ai eu envie d’écrire, je devais avoir 26 ans, c’est peu de temps avant mon premier disque. » À l’époque, elle était bassiste, notamment pour Ariane Moffatt et Stéfie Shock. « J’étais de plus en plus entourée de créateurs, puis il y avait une énergie là-dedans que je ne connaissais pas et qui m’attirait. Quand on s’est mis à brainstormer, quand le projet a commencé à exister, c’était incroyable la vitalité ! », s’exclame-t-elle. Une sorte de vitalité, c’est effectivement ce qu’on ressent en écoutant son dernier album. « Je voulais qu’on sente le fun qu’on a eu à enregistrer. »

La musique était la seule forme d’art qui puisse assouvir ce désir de création. « Je suis très auditive, c’est moins facile pour moi d’entrer dans un tableau par exemple, de me laisser emporter, malgré que j’y arrive de plus en plus. Je suis une hypersensible en fait, c’est souvent en sentant les gens touchés que j’embarque. Je suis toujours curieuse de savoir ce qui allume les gens que j’aime. » À l’inverse, elle plonge littéralement dans les chansons qui lui plaisent. « Quand ma mère me faisait écouter des ballades, à un ou deux ans, je pleurais si elles étaient tristes et j’étais excitée si elles étaient joyeuses. »

Commencer un projet, c’est ce qui semble le plus ardu pour Marie-Pierre. « J’ai tendance à procrastiner », avoue-t-elle. « J’ai besoin d’un deadline, de savoir que quelqu’un attend après moi. Je ne comprendrai jamais ce qui fait que j’ai autant de difficulté à me lancer, puisque j’ai tant de plaisir une fois que les premiers pas sont faits. » Toutefois, l’inspiration a ses caprices et certaines périodes de silence s’imposent. « Les silences sont importants pour moi parce que je réfléchis beaucoup, j’aime avoir du temps pour penser, pour refaire le monde dans ma tête. »

Bien qu’elle s’investisse à fond dans tout ce qu’elle entreprend, on ne ressent chez elle ni urgence ni pression. Elle aborde la question avec sagesse : « Avec Aux alentours, j’aime le feeling que je suis en train de monter tranquillement mais sûrement, puis j’aimerais le ressentir encore longtemps, c’est ce qui ferait que je n’aurais jamais envie d’arrêter. »

Tout, absolument tout dans cet échange était charmant, surtout ce constat, livré en toute humilité :

« Je ne serai jamais celle qui reçoit mon album. »

Dommage. Il faudrait vraiment qu’on lui raconte.

Quoi ? Aux alentours

Qui ? Marie-Pierre Arthur

Où ? Grand Théâtre de Québec

Quand ? Mercredi 4 avril

Crédit photo : Hubert Gaudreau

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