Critique de L’éternité en accéléré, un recueil de nouvelles écrit par Catherine Marvikakis.

L’éternité en survol

En 2010, c’est bel et bien l’ère des communications, pourrait-on chanter: BlackBerry, iPhone, Twitter, Facebook. Et qu’est-ce que ça apporte à la littérature, tout ça? On le verra. Paru le mois dernier, L’Éternité en accéléré rassemble 52 textes publiés sur le blogue de Catherine Mavrikakis, auteure du roman Le Ciel de Bay City et professeure de création littéraire à l’Université de Montréal. Un recueil d’essais littéraires variés qui se lit simplement.

On regrette parfois de la voir prendre des positions sans risque réel, un peu prévisibles, particulièrement lorsqu’elle parle de politique. Rien de très surprenant à constater qu’elle soutient l’élection de Barack Obama et qu’elle s’inquiète de la montée de l’extrême droite en Autriche (vous êtes surpris, vous?). L’auteure consacre également des paragraphes à tenter de convaincre son lecteur de l’utilité des sciences humaines. Elle évoque la place de l’intellectuel dans la société (un humilié, selon elle). C’est intéressant, mais on suppose très bien que la majorité de ses lecteurs n’en pense pas moins: n’est-ce pas ce qu’on appelle prêcher à des convertis? Des opinions un peu plus audacieuses auraient parfois été appréciées.

Heureusement, elle aborde de façon originale la plupart des sujets. En effet, Mavrikakis fait bien du chemin entre l’amorce initiale de sa chronique et sa position finale. Il est alors intéressant de suivre sa pensée; elle expose autant les souvenirs de son enfance que les faits de l’actualité internationale, les anecdotes historiques ou quotidiennes. Le lecteur est souvent entraîné dans une sorte de tourbillon intellectuel, stimulé par le mouvement de l’érudition et de la culture. Cela donne envie de se cultiver, de réfléchir et d’écrire, justement.

L’auteure parle à travers ses chroniques de sujets aussi variés que le végétarisme, la Shoah ou son amour des sous-sols! Il faut dire que c’est notamment dans ces déclarations rafraîchissantes et ces manières inusitées de voir la vie quotidienne que réside le plaisir de L’Éternité en accéléré. On retient la singularité de ses réflexions sur l’adolescence, alors qu’elle ne cessait d’imaginer meurtres, suicides et rébellions.

Sinon, il est plutôt intéressant de connaître l’avis de l’auteure par rapport à l’enseignement de la littérature, des études supérieures en général et de certains de ses étudiants. Sans vouloir être particulièrement drôle ou touchante, elle prend toujours le parti de l’intelligence et de la culture, simplement. Rafraîchissant et stimulant.

Par ailleurs, cela plaît de voir que les éditions Héliotrope peuvent faire une belle place à l’essai littéraire grâce à leur Série K (le nom de la collection se voit justement expliqué à la fin de L’Éternité en accéléré): « Des textes littéraires écrits à la périphérie du roman. «K» pour kaléidoscope. Comme dans lire à l’aide d’un kaléidoscope la densité romanesque du réel».

C’est encore mieux lorsqu’une auteure ayant fait déjà quelques vagues décide de publier un tel ouvrage. Un recueil d’essais littéraires est rarement mis en valeur de cette façon, côtoyant les nouveautés les plus vendues au premier rang des présentoirs.      

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