Solitude collective

Après le disque, le spectacle : c’était la rentrée québécoise, jeudi dernier, de Catherine Major et de son Désert des solitudes au Grand Théâtre, salle où elle se sent chez elle. Entourée de trois musiciens (Mathieu Désy, Alex McMahon et David Laflèche) ainsi que du quatuor à cordes Mommies on the run, Major a livré un récital envoûtant où ses talents ont été exposés au grand jour : celui de compositeur, celui de pianiste et celui d’interprète. On a pu entendre le premier à plusieurs reprises, alors qu’il apparaît évident que son répertoire compte parmi les plus raffinés de la chanson québécoise actuelle. Le second a eu son quart d’heure de gloire avant l’entracte, alors que Chopin a été à l’honneur, un brin trop longuement cependant. Finalement, le troisième, plus surprenant, a pris place quand Catherine Major ne faisait que chanter, sans jouer du piano ou à peine. Force est d’admettre qu’elle s’est très bien débrouillée dans ce nouveau rôle, notamment sur une reprise rythmée du mélancolique La rua Madureira de Nino Ferrer.

Malheureusement, ce spectacle souffrait quelque peu d’imperfections agaçantes : mauvaise coordination entre la chanteuse et ses musiciens pourtant expérimentés, interventions maladroites mais néanmoins sympathiques, début un peu froid et figé. On excusera volontiers Catherine Major, qui a plaidé une fatigue chronique et des circonstances atténuantes : la veille, elle se trouvait à Winnipeg pour l’enregistrement de l’émission Pour un soir seulement. Et puis, la tournée est encore jeune. Une fois débarrassé de ses scories, Le désert des solitudes sera plus rodé et mettra encore plus d’emphase sur ce qui est déjà son plus gros atout : les chansons.

Cyril Schreiber

Quoi ? Le désert des solitudes

Qui ? Catherine Major

Où ? Salle Octave-Crémazie du Grand Théâtre de Québec

Quand ? 31 mai

Crédit photo : Hubert Gaudreau

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