Les Jutra sont venus clôturer une année faste pour le cinéma québécois. Une année où - chose rare ! - succès critique et populaire se sont souvent accordés. Une année où les longs-métrages québécois se sont distingués par leur profondeur et leur force, séduisant le monde entier. Une année, enfin, où, pour la deuxième fois en autant d’années, le Québec était fièrement représenté aux Oscars.

Une grande année de cinéma

Les Jutra sont venus clôturer une année faste pour le cinéma québécois. Une année où – chose rare ! – succès critique et populaire se sont souvent accordés. Une année où les longs-métrages québécois se sont distingués par leur profondeur et leur force, séduisant le monde entier. Une année, enfin, où, pour la deuxième fois en autant d’années, le Québec était fièrement représenté aux Oscars.

Nathan Murray

On ne saurait, bien entendu, survoler la production cinématographique de 2011 sans célébrer le succès de Monsieur Lazhar, de Philippe Falardeau, qui a fort justement triomphé lors de la grande fête du cinéma québécois. Une œuvre émouvante, délicate et forte à la fois, portée à bout de bras par une distribution dévouée – on soulignera ici, bien évidemment, la performance toute en nuances de Fellag, et la criante vérité du jeu des enfants. Qu’un tel film, qui allie puissance émotionnelle et réflexive, ait traversé nos frontières, ce n’est somme toute que justice.

Mais on aurait tort de réduire le cinéma québécois de la dernière année à cet éclatant succès : d’autres productions se sont distinguées par leur qualité et leur résonance. Certains films sont demeurés hermétiques – pensons à Marécages de Guy Édoin, d’une incroyable lourdeur – mais d’autres ont su allier intelligence et force d’attraction. Parmi ceux-là, comment oublier Café de Flore, le petit bijou de Jean-Marc Vallée ? Certes, l’histoire est ésotérique, tordue à souhait, mais la beauté qui se dégage du film n’en est pas le moins du monde altérée. Le long-métrage propose une véritable expérience cinématographique, à la fois esthétique et humaine.

Il s’agit, aussi, de rendre grâces à l’offrande d’André Forcier, Coteau rouge. Cette comédie atypique – normal, c’est du Forcier -, véritable ovni dans le paysage québécois, a su étonner et émouvoir en alliant l’absurde au lyrisme. Un régal !

Je clôturerai cette liste avec ce qui fut, pour moi, le coup de cœur de l’année en cinéma québécois, et assurément l’un de mes films-phares de 2011 : Le vendeur, de Sébastien Pilote. Ce premier métrage, bouleversant, promet beaucoup pour la suite de sa carrière. Le jeune réalisateur a su proposer un drame touchant et fort, sans excès et sans temps morts. Une réalisation soignée, mesurée, équilibrée, qui célèbre l’hiver québécois; un scénario poignant qui rend un hommage mérité à ces régions adorées par le cinéaste ; une interprétation juste et forte, dominée par un Gilbert Sicotte qui nous livre une performance défiant tous les superlatifs : voilà les éléments qui contribuent à faire de cette œuvre, centrée sur le personnage d’un vendeur d’autos partageant les tourments de son village, un inoubliable moment de cinéma.

Mais il s’agirait de ne pas oublier qu’en dehors de ces films d’auteurs, le Québec a aussi produit d’excellents films populaires. En effet, avec Le sens de l’humour, d’Émile Gaudreault, et Starbuck, de Ken Scott, les Québécois ont eu droit à des comédies qui, pour être accessibles à tous, n’en étaient pas moins de grande qualité. Bien entendu, il y a eu quelques ratés – pensons à Gerry, production médiocre que la performance ahurissante de Mario Saint-Amand n’a malheureusement pas réussi à sauver de l’insignifiance -, mais 2011 demeurera un grand cru dans la mémoire des cinéphiles du Québec. Souhaitons-nous pareil bonheur pour l’année qui vient.

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