Jacques-André Fortin, professeur et chercheur associé au Centre d’études de la forêt de l’Université Laval, s'intéresse depuis le début de sa carrière aux mycorhizes. Il s'agit d'une association entre un champignon et les racines d’une plante.

Mycorhizes: revoir les sols

 

Impact Campus: En quoi la recherche sur les mycorhizes est-elle importante pour la compréhension des forêts?

Jacques-André Fortin:Si l’on considère que les mycorhizes changent la physiologie des arbres et des plantes de manière à modifier leurs relations avec les pathogènes, les insectes, l’eau et les nutriments, leur étude fournit une nouvelle conception des écosystèmes forestiers. Cette dernière fournirait une meilleure compréhension, notamment, de la nutrition des arbres et de la biologie des sols des forêts.

IC: Les champignons mycorhiziens facilitent l’accès à de nombreux nutriments aux plantes. Certains sont même capables de dissoudre la pierre pour en extraire le phosphore. Comment s’y prennent-ils?

J-AF:Il faut d’abord faire la distinction entre les mycorhizes arbusculaires, ou endomycorhizes, et les ectomycorhizes. Les premiers se font entre certains champignons et les racines de plantes non-ligneuses, comme les plantes agricoles, tandis que les deuxièmes unissent les racines d’arbres forestiers à d’autres champignons. Dans le cas des ectomycorhizes, les champignons produisent eux-mêmes des acides organiques qui dissolvent certaines pierres, ce qui permet de solubiliser le phosphore et de l’absorber immédiatement. Les champignons qui font des endomycorhizes sont incapables de produire des acides et s’associent donc à des bactéries du sol qui font le travail à leur place.

IC: Quelles sont les principales applications des mycorhizes?

J-AF:En ce moment, c’est en agriculture que les applications des mycorhizes sont les plus probantes. Par exemple, ça ouvre la perspective d’une agriculture vraiment biologique. Des entreprises offrent désormais des spores de champignons mycorhiziens pour les grandes cultures, ce qui permet notamment d’augmenter la résistance aux pathogènes, d’offrir une plus grande tolérance à la sécheresse et d’améliorer l’absorption des nutriments. Concrètement, les agriculteurs peuvent réduire l’utilisation d’engrais et de pesticides tout en obtenant d’excellents rendements. Depuis que des entreprises offrent des spores de champignons mycorhiziens en quantités assez importantes pour les grandes cultures, cette symbiose est de plus en plus populaire dans ce milieu pour ces raisons.

 

Qui?J.André Fortin

Quoi?  Conférence sur «La symbiose: base de l’évolution et du fonctionnement des plantes et des écosystèmes terrestres»

Où?  Au local 3068 du pavillon Vachon

Quand?Ce jeudi 16 février à 16h

Crédit photo : André-Philippe Drapeau-Picard

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