Pour ceux qui rêvaient qu’il soit prouvé que leur colocataire «traîneux» souffre d’une maladie, il existe un trouble aux «symptômes» un peu similaires.

Quelqu’un prend l’habitude de conserver quelques sacs de plastique ou quelques journaux en pensant «j’en aurai sans doute besoin». Le commun des mortels peut bien s’adonner à certaines collections, mais chez les gens atteints de syllogomanie, cela prend des proportions démesurées et insalubres. Dans certains cas, ces accumulations atteignent l’inimaginable. Des détritus emplissent rapidement toutes les pièces de la maison qui deviennent encombrées. Il n’y a parfois plus de place où dormir. La personne va même dans certains cas jusqu’à vouloir conserver ses déchets domestiques.

Une motivation se cache toujours derrière l’accumulation compulsive. Certains le font parce qu’ils sont persuadés que tel coupon ou telle revue leur sera utile un jour. D’autres le font par ce qu’on appelle des «motivations sentimentales». Ils s’attachent à ces objets et considèrent qu’ils ont de petites personnalités, rapporte le Centre d’études sur les troubles obsessionnels compulsifs et les tics (CÉTOCT) de Montréal qui étudie ce trouble.

Encore là, il y a une marge considérable entre les habitudes de collection de tous et chacun et les troubles réellement compulsifs.

Bien souvent, accumuler des objets procure un sentiment de sécurité à la personne. Son «repère» devient alors comme une coquille protectrice. Il s’agit de l’équivalent d’un mécanisme de survie. Des recherches ont d’ailleurs démontré que l’activité cérébrale reliée à l’accumulation compulsive avait lieu dans la même section du cerveau que celle des écureuils qui accumulent des réserves de nourriture pour l’hiver.

Paradoxalement, la plupart des accumulateurs compulsifs possèdent un sens des responsabilités plutôt relevé. Selon le CÉTOCT, beaucoup sont très compétents au travail et souvent responsables. Les piles de factures et les amonts de journaux ne seraient placés que de façon «temporaire» dans leur conscience. Ils attendent simplement le moment opportun pour tout trier, mais la personne ne le trouve presque jamais et ramène plus de journaux, dépliants et autres objets à la maison.

Place à la thérapie

Une thérapie cognitive intensive est souvent nécessaire pour se débarrasser de la pensée irréaliste du «peut-être qu’un jour, j’en aurai besoin». Toutefois, le problème de l’accumulation compulsive ne se réglera jamais en vidant la maison d’un seul coup. Le malade risque de souffrir de traumatisme et combler à nouveau l’espace; deux fois plus vite, même. Il faut donc procéder étape par étape.

D’après le CÉTOCT, il faut commencer par organiser l’encombrement en catégories gérables avec le consentement du malade. Ensuite, immédiatement commencer à jeter quelques objets pour éviter la procrastination: la «remise au lendemain». Cette expérience peut être pénible pour la personne malade, souvent incapable de se défaire d’une simple pile de papier.

Pour que le malade ne soit pas tenté d’accumuler des objets à nouveau, il lui faudra adopter des moyens non obsessionnels de vivre au quotidien, suggère le CÉTOCT. Il devra par exemple apprendre à décider le jour même de la réception de la circulaire du supermarché quel coupon il désire conserver. Cela évitera qu’il laisse traîner la circulaire jusqu’au «bon moment».

Consulter le magazine