Pour son quatrième album sur autant d’étiquettes de disques, Crime In Choir reprend exactement là où l’album précédent, Trumpery Metier, nous avait laissés. Sont encore une fois à l’œuvre, dans Gift Givers, les sonorités prog revival qui ont fait la notoriété de ce septuor originaire de San Francisco. Les mélodies complexes et grandioses sont toujours aussi efficaces, tout comme les longues ascensions d’intensité que l’on retrouve dans plusieurs pièces. Sans réinventer complètement leur son, ils lui adjoignent toutefois de nouvelles ambiances, laissant davantage de place à des atmosphères planantes qui peuvent patiemment s’installer, parfois sur des morceaux entiers.
La pièce titre, «Gift Givers», nous met tout de suite dans le bain quant à ce qui est confectionné par la jeune formation. On y retrouve effectivement des sonorités typiques des synthétiseurs Moog, bien présentes tout au long de l’album. Les solos de guitares électriques, quelque peu passéistes, s’agencent toutefois très bien avec l’esthétique générale du groupe, qui s’évertue depuis neuf ans à développer le rock progressif instrumental afin de lui donner une actualité convaincante. Les compositions du groupe ne sont toutefois pas confinées dans ce territoire vintage qu’est le progressif, car elles sont influencées par des styles plus récents, comme le math-rock, intégré ici au sein d’une démarche à la fois expérimentale et accessible. Les beats sonnent comme du disco, alors que les synthétiseurs alimentent le côté progressif, pour donner une esthétique «années 1970 du futur», un peu à l’image d’un commandant de vaisseau spatial arborant de magnifiques pantalons à pattes d’éléphant.