Le second effort de Béatrice Martin, alias Cœur de pirate, était attendu. Celle qui s’est révélée au public québécois en 2008 avec la sortie d’un premier album aux accents de timidité nous présente Blonde, un album franchement différent, à la fois plus mature et enveloppé. Enveloppé parce que la chanteuse y écarte sa traditionnelle approche piano-voix au profit de sonorités rétro des années 1960. Mature parce que ces textes reflètent davantage l’esprit d’une femme en évolution et pleine de détermination, plutôt que le discours larmoyant d’une jeune fille blessée accrochée à son passé.
Blonde s’écoute sans difficulté aucune, un peu comme si chacun de ces morceaux ne faisaient qu’un. Non pas qu’ils se ressemblent tous, mais il y a une ligne directrice, une certaine manière de procéder qui revient et s’incruste. Cette ligne, c’est le contraste entre des textes profonds et des mélodies joyeuses, supportées par une instrumentation élaborée, où la réverbération apporte une touche pop rock pas mauvaise du tout. C’est le cas d’«Adieu», premier extrait qui, en quelques mois, s’est déjà taillé une place de choix dans le cœur du public, ainsi que de «Danse et danse» que l’on prend rapidement plaisir à siffloter. «Ava» cadrerait parfaitement dans une scène de fête lycéenne d’un classique à la Grease et le rythme de «Golden boy» et de «Verseau» allume. Il y a ici de ces moments plus modestes, à l’image de ce à quoi on avait eu droit sur l’album éponyme. À ce titre, la touchante «Cap Diamant» est ce qui se rapproche le plus de la recette traditionnellement gagnante de la chanteuse. Les autres balades, «Place de la République» et « La petite mort » sont plus étoffées, combinant ce son caractéristique à des lignes de violons mélancoliques. À noter que «Loin d’ici» met en vedette le très charmant Sam Roberts et constitue, de ce fait, une charmante combinaison.
Quoique totalement différent du premier album de Cœur de pirate, Blonde en constitue le complément parfait, formant d’avantage un tout plutôt qu’une rupture irréparable. On y découvre un peu plus la femme et l’on en sort avec un portrait un peu plus complet. De quoi ravir même les plus réticents !
4/5